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Intelligence artificielle : des algorithmes à l'infrastructure

L'intelligence artificielle a dépassé le cadre du logiciel. Elle entre désormais dans sa phase industrielle, une période moins définie par les algorithmes que par les systèmes physiques nécessaires à leur soutien. La transition de l'expérimentation à la mise en œuvre révèle les fondements matériels de l'intelligence numérique : énergie, semi-conducteurs, eau et régulation. Comme lors des révolutions technologiques précédentes, ce changement va remodeler l'allocation du capital, la politique industrielle et la géographie du pouvoir économique

Les limites physiques de l’intelligence 

Au cours de l’année écoulée, les capacités des modèles avancés se sont accrues de façon exponentielle. Pourtant, leurs progrès butent désormais sur des limites tangibles. Chaque nouvelle itération exige plus d’électricité, plus de refroidissement et des puces plus spécialisées. Les centres de données, autrefois composants discrets de l’économie numérique, sont devenus des infrastructures énergivores, en concurrence avec les villes et les industries pour l’accès à l’énergie et à l’eau. Cette évolution annonce un changement structurel: l’intelligence est devenue un processus physique. Le monde entre dans une ère où l’accès à la puissance de calcul, la stabilité énergétique et la fiabilité des réseaux détermineront la compétitivité autant que l’innovation elle-même. Pour les investisseurs, comme pour les décideurs, la question n’est plus seulement la vitesse d’évolution de l’IA, mais celle de la capacité du monde à fournir l’énergie et les matériaux nécessaires. 

Énergie, capacité et coordination

 La pression sur les systèmes énergétiques est déjà visible. La demande d’électricité des infrastructures de traitement des données a explosé en Amérique du Nord et en Europe, provoquant des contraintes d’approvisionnement et des délais d’attente plus longs pour les raccordements. Les gouvernements commencent à donner la priorité à la modernisation des réseaux, tandis que les fournisseurs d’énergie réévaluent la capacité de production à long terme.

Parallèlement, les cadres réglementaires se durcissent. Les limites d’usage de l’eau, les exigences de transparence carbone et les règles de souveraineté des données ajoutent de la complexité à l’expansion des infrastructures dédiées à l’IA. Ces mesures marquent l’émergence d’une coordination entre l’État et le capital: comme lors des révolutions industrielles passées, les capitaux publics et privés convergent pour financer des actifs stratégiques, des lignes de transmission aux usines de fabrication de semi-conducteurs qui sous-tendent la compétitivité nationale.

Ce changement va remodeler l'allocation du capital, la politique industrielle et la géographie du pouvoir économique.

La géopolitique du calcul 

Le contrôle de la capacité de calcul, des flux de données et des matériaux critiques est devenu une nouvelle dimension de la rivalité géopolitique. Les contrôles à l'exportation sur les puces avancées, les restrictions sur le transfert transfrontalier des données et la localisation des infrastructures cloud fragmentent ce qui était autrefois un écosystème numérique global. Les nations capables d’assurer leur souveraineté énergétique, manufacturière et numérique détiendront un avantage stratégique. La nouvelle hiérarchie du pouvoir technologique dépendra moins de la propriété intellectuelle que du contrôle physique : des réseaux, des usines de fabrication et des réseaux d’information.

Capital et adaptation

Les implications en matière d’investissement de cette transformation dépassent le secteur technologique. Le développement des infrastructures numériques stimule la demande en semi-conducteurs, équipements électriques, ingénierie de construction et énergies renouvelables. Mais, comme lors des cycles d’investissement intensifs passés, la surcapacité et la régulation pourraient réduire les rendements futurs. 

À long terme, l’attention se portera davantage de l’expansion à l’efficacité. Les prochaines avancées ne viendront probablement pas de modèles toujours plus grands, mais d’architectures optimisées pour l’énergie, réalisant plus avec moins. Le progrès sera de plus en plus mesuré non par l’échelle computationnelle mais par la productivité énergétique, c’est-à-dire la quantité d’intelligence produite par watt consommé.

Un thème structurel pour la décennie à venir 

L’industrialisation de l’IA influencera toutes les couches de l’économie mondiale. Elle brouille la frontière traditionnelle entre technologie et infrastructure, transformant l’ambition numérique en investissement physique. Les gagnants de cette phase ne seront pas nécessairement ceux qui conçoivent les algorithmes les plus intelligents mais ceux qui fournissent les fondations, l’énergie, les matériaux et les systèmes qui rendent l’intelligence évolutive et durable. 

À mesure que gouvernements et marchés s’adaptent à ces nouvelles contraintes, l’IA devient un miroir des tensions structurelles plus larges: rareté, coordination et allocation des ressources limitées. En ce sens, la thématique de l’intelligence artificielle ne porte plus seulement sur le futur de la technologie mais sur la future architecture de l’économie réelle. 

Dans ce contexte, des opportunités apparaissent dans la phase initiale du cycle, où la forte augmentation des investissements dans les infrastructures continue de profiter aux semi-conducteurs, aux équipements électriques et aux services publics capables de garantir une capacité énergétique fiable. Les capitaux affluent vers ces entreprises qui rendent l'intelligence artificielle physiquement possible.

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