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Wealth Management

Entre l’arbalète et l’enclume

Ce 1er août 2025 a été particulièrement orageux pour la Suisse et la BNS. Découvrez l'analyse de Catherine Reichlin, analyste obligataire senior, dans l'AGEFI.

Ce 1er août a été particulièrement orageux pour la Suisse et la BNS. Après d’importantes pertes financières au deuxième trimestre, le retour sur la liste américaine des manipulateurs de devises, la reprise d’une politique de taux zéro et la perspective de taux négatifs compliquaient déjà la situation. À cela s’ajoute désormais la menace américaine d’imposer des droits de douane de 39% sur les produits suisses. 

Au début du mois de juin, les Etats-Unis avaient replacé la Suisse sur la liste de ses partenaires commerciaux susceptibles de manipuler leur devise. Une accusation infondée selon la BNS qui intervient, certes, mais pour remplir son mandat de stabilité des prix. La forte appréciation du franc a fait fondre l’inflation, allant jusqu’à soulever de nouvelles craintes de désinflation. Ces interventions ont fait gonfler le bilan de la BNS à travers des positions en devises colossales, ces mêmes devises à l’origine de la perte de la BNS au second trimestre. Après un gain de Chf 6.7 milliards au premier trimestre, les pertes sur les monnaies étrangères ont plombé son résultat de Chf 22.7 milliards au second trimestre, l’amenant à clôturer le semestre sur une perte totale de Chf 15.3 milliards. 

Faire face à la décision américaine dans ce contexte déjà difficile est épineux. Selon Bloomberg, des droits de douane de 39% pourraient coûter à la Suisse 1% de croissance à moyen terme, soit la croissance attendue en 2025 en Suisse. Et cela est sans compter l’impact des droits de douane sur les entreprises pharmaceutiques qui pourraient atteindre 250% selon M. Trump. L’impact sur l’économie suisse n’en sera que plus désastreux et met la BNS dans une situation peu enviable. Si certains célèbrent la hausse de l’inflation en juillet, il faut toute mesure garder. A +0.2% pour l’indice des prix à la consommation, contre +0.1% attendu (et +0.8% pour l’inflation sous-jacente), les niveaux sont anémiques. L’inflation reste donc proche des 0%, les pressions désinflationnistes perdurent et la force du franc y est pour beaucoup. A travers le prix des biens importés, son impact est de -1.4% en juillet (contre -1.9% en juin). 

Que peut-on attendre de la BNS dans ces conditions ? Selon le marché obligataire, la probabilité d’une baisse de taux, et donc celle d’un retour en territoire négatif, est passée de 33% à 45% en l’espace de quelques jours. La courbe obligataire s’est déplacée vers le bas et les échéances jusqu’au 5 ans sont déjà en territoire négatif. Le rendement du 2 ans suisse s’enfonce dans le rouge à -0.18%, une autre façon de lire les anticipations du marché en terme de baisse de taux. Le rendement du 10 ans, baromètre de l’inflation et de la croissance à venir, a chuté de 6 points de base à 0.28%, il flirtait avec les 0.50% à la mi-juillet. Le franc perd un peu de terrain contre l’euro mais reste solide contre le dollar, ce qui, conjugué à une attente de ralentissement conjoncturel, attisée par les derniers indicateurs d’activité, et à un risque de désinflation plaide pour davantage d’assouplissement monétaire. Une baisse de taux ne peut donc pas être exclue, et, avec le retour sur la liste des pays manipulateurs de changes, il est probable que la BNS évite de mettre trop d’huile sur le feu avec les Etats-Unis et prenne la mesure impopulaire des taux négatifs. Autant dire que la fin l’été restera orageuse pour la BNS. 

Lire l'article sur le site de l'AGEFI

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