Mai 2025 aura marqué un tournant historique pour l’énergie nucléaire, désormais au cœur des stratégies de souveraineté énergétique dans un monde fracturé. De Tokyo à Copenhague, de Berlin à Washington, l’atome s’impose comme une réponse pragmatique à l’intermittence des renouvelables et à l’instabilité géopolitique.
L’Union européenne, réveillée par une panne d’électricité inédite en Espagne, redécouvre la nécessité d’un socle pilotable, alors que même l’Allemagne abandonne son opposition idéologique à l’atome. Pendant ce temps, la Chine et la Russie accélèrent : dix nouveaux réacteurs ont été approuvés par Pékin et Moscou multiplie les chantiers nucléaires dans les pays émergents.
Dans ce contexte mondial tendu, les États-Unis ont également haussé le ton : Donald Trump a signé une série de décrets pour relancer la filière nucléaire nationale.
L’objectif est ambitieux : 300 GW de nouvelles capacités d’ici 2050, dix réacteurs en construction d’ici 2030, et une indépendance renforcée face à l’uranium russe.
Les investisseurs ne s’y sont pas trompés : les actions de NuScale, Oklo ou Centrus Energy ont bondi de plus de 20 % à Wall Street en quelques jours.
L’administration veut aussi faciliter les autorisations, élargir le rôle du Département de la Défense, et créer une réserve stratégique de combustible avancé. Toutefois, certains experts dénoncent un affaiblissement des garde-fous de la NRC, risquant de miner la confiance du public dans la filière.
Malgré ces tensions, les petits réacteurs modulaires (SMR) apparaissent comme la grande promesse du secteur, tant pour les data centers que pour les anciens sites au charbon. Le Danemark, le Japon, mais aussi la France et les États-Unis misent sur cette technologie compacte, standardisée et déployable rapidement.
Selon l’AIE, la production nucléaire mondiale atteindra un record en 2026, portée par l’Asie et des engagements internationaux forts.
Fait notable, l’Union européenne a officiellement classé le nucléaire comme énergie verte dans sa taxonomie, facilitant son intégration dans les portefeuilles ESG.
Dans un monde où chaque kilowatt devient stratégique, le nucléaire n’est plus une option : c’est un pilier du nouvel ordre énergétique mondial.