Le mois de juin a été riche en nouvelles positives pour le développement futur de l’hydrogène vert. Deux grandes supermajors pétrolières, BP et TotalEnergies, ont annoncé des investissements massifs dans la production d’énergie renouvelable - du solaire et de l’éolien - destinée à la production d’hydrogène vert. BP participe à hauteur de 36 milliards de dollars dans le projet Asian Renewable Energy Hub, en Australie, qui permettra la production de 26 gigawatts (GW) d’électricité, la plus vaste installation de ce type. A terme, la production de 1,6 millions de tonnes d’hydrogène vert par an est prévue. Shell est également sur les rangs pour se lancer dans l’aventure, de même qu’une multitude d’autres entreprises de différents secteurs présentes dans la chaîne de valeur de l’hydrogène vert. Le gaz bénéficie aussi d’un fort engouement parmi les décideurs politiques en Europe et dans le monde. La Commission Européenne dans le cadre de son plan REPower EU, mis en place en mai dernier pour réduire la dépendance au gaz russe, mise en grande partie sur l’hydrogène renouvelable. L’objectif de l’exécutif européen est de produire 10 millions tonnes d’hydrogène renouvelable et d’en importer 10 millions de tonnes d’ici à 2030. La dernière COP26 de Glasgow, en novembre 2021, a fédéré 32 Etats et l’UE autour de cette volonté de déployer l’hydrogène « propre », soit l’hydrogène vert et l’hydrogène bleu.
Une pièce manquante et utile pour décarboner des industries énergivores
Actuellement, avec seulement 600'000 tonnes par an, la production d’hydrogène vert est encore confidentielle. Elle représente seulement 0,1% de l’ensemble de l’hydrogène produit, essentiellement de l’hydrogène gris. Cette faible part s’explique notamment par le coût important du processus d’électrolyse de l’eau utilisé pour séparer la molécule d’hydrogène de l’oxygène, de même que par des processus de stockage du gaz encore très énergivores. L’hydrogène vert reste deux ou trois fois plus cher que l’hydrogène gris. Cependant, la combinaison de plusieurs facteurs rend la solution de l’hydrogène vert bien plus intéressante. Citons premièrement la baisse conséquente des coûts de l’énergie renouvelable depuis plusieurs années, les progrès technologiques des électrolyseurs permettant davantage d’efficience énergétique, la perspective d’une tonne carbone plus chère, mais aussi et surtout une résolution politique - quasi globale - de se donner tous les moyens pour atteindre une économie net zéro d’ici à 2050. Selon Kepler Cheuvreux, une société de services financiers, le prix du kilo de l’hydrogène vert (aujourd’hui d’environ 3.5 euros), d’ici 2030, deviendra plus compétitif et pourrait même atteindre le prix d’un euro le kilo, soit le même niveau que l’hydrogène gris. L’hydrogène vert s’avère une solution particulièrement pertinente pour décarboner certaines industries, particulièrement énergivores qui résistent à l’électrification : transport de longue distance, logistique, industrie lourde (comme les aciéries), agrochimie (fertilisants), etc. Dans le domaine de la mobilité par exemple, et en particulier pour les poids-lourds, la pile à combustible à hydrogène a ses avantages: une plus large autonomie que les batteries électriques et un plein plus rapide. De manière générale, selon Hydrogen Council, d’ici à 2050, l'hydrogène propre pourrait éviter un total de 80 gigatonnes (GT) d'émissions cumulées de CO2, ce qui serait une contribution majeure au vu de la nécessité de réduire les émissions de 10 gigatonnes par année d’ici 2050.