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Investissement socialement responsable

La perte en biodiversité, un risque également pour les entreprises

La dernière conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP 15) s’est soldée sur une avancée notable. Les Etats ont saisi l’urgence de fixer des objectifs ambitieux pour répondre aux nombreux risques associés au déclin des écosystèmes et à l’extinction des espèces.

Critiqués pour leur aspect peu contraignant, ces engagements ont l’avantage d’aborder le problème dans toute sa complexité et d’associer les acteurs privés à la définition de solutions. Dans le cadre global qui a été défini à l’issue de la COP, les grandes entreprises multinationales et les acteurs financiers sont activement associés à l’effort des Etats. L’activisme démontré par certaines entreprises et institutions financières est à la hauteur de leur dépendance au capital naturel et exposition aux risques.

Des objectifs ambitieux en matière de protection de la nature

Le 19 décembre 2022, les ministres de 196 Etats, membres de la Convention sur la biodiversité des Nations Unies, ont réussi à aboutir à un accord global sur la biodiversité à la COP15 de Montréal. Un nouveau cadre mondial visant à enrayer le déclin de la biodiversité d'ici à 2030 a été adopté sous l’impulsion de la Chine. Etant donné les échecs cuisants et répétés des conférences précédentes sur ce thème, le sommet, qui arrive avec deux ans de retard pour cause de pandémie, amène des résultats inespérés aux yeux de nombreux experts. Bien que non contraignants d’un point de vue strictement légal, les 23 objectifs qui ont été fixés apparaissent ambitieux, si l’on considère par exemple celui de préserver et restaurer 30% des terres et des mers d’ici à 2030 (actuellement seulement 17% des zones terrestres et 10% des zones maritimes sont protégées). Un autre objectif marquant est la volonté de réduire de moitié l’utilisation des pesticides, des substances chimiques polluantes, le gaspillage de nourriture et d’éliminer la pollution plastique d’ici à 2030. Il faut noter également la volonté de diminuer drastiquement les subventions publiques versées à des industries, comme celle des énergies fossiles, dont les activités contribuent à la destruction des écosystèmes et à l’extinction des espèces. Ces subventions elles sont estimées à USD 1'800 milliards par année, soit 2% du PIB mondial.

La perte de biodiversité est également un risque majeur pour les entreprises

Dans le débat public et les actions menées par les acteurs privés et publics, la protection du climat, qui est indubitablement une urgence planétaire, éclipse encore le thème de la biodiversité. Pourtant, les activités humaines, notamment lors de ces 50 dernières années sous le coup de l’augmentation démographique et de la croissance économique, ont accéléré les impacts négatifs sur le « capital naturel ». La rapidité et l’importance avec lesquelles la nature se détériore sont sans précédent, si l’on considère, par exemple, le phénomène de la déforestation (32% des forêts dans le monde ont été détruites depuis 1970). Le célèbre classement du World Economic Forum (WEF) reconnaît la dégradation de la biodiversité, avec le changement climatique, comme l’un des cinq risques majeurs auxquels fait face la planète. Aux côtés des ministres et chefs d’Etat réunis à Montréal, les chefs d’entreprises ont activement participé à la COP 15 et confirmé que ce thème figure désormais à l’agenda des entreprises. A ce sujet, plus de 330 entreprises et institutions financières, dont Nestlé, BNP Paribas et Roche, ont demandé aux gouvernements de rendre obligatoire l’évaluation et la divulgation de leurs impacts et dépendances à l’égard de la nature (campagne « Make It Mandatory »). Directement ou via leur chaîne d’approvisionnement, toutes les entreprises dépendent, à différents degrés, du « capital naturel », soit des actifs ou des services fournis par la nature, comme l’eau, les terres, les plantes, etc. Une étude récente du WEF a estimé que près de la moitié du PIB mondial, soit USD 44'000 milliards, d’activités économiques sont fortement ou modérément dépendantes de la nature et donc à risque au regard de la perte en biodiversité. Les secteurs de la construction, de l’agriculture et de l’alimentation sont particulièrement exposés à des risques économiques tels que la déforestation. C’est le cas par exemple de producteurs de café, à risque face au déclin de variétés de café.

 

Les entreprises sont amenées à jouer leur rôle

L’implication des entreprises et des acteurs de la finance constitue donc l’une des avancées de la COP 15. D’ailleurs, l’un des 23 objectifs du sommet évoque précisément la mise en place de mesures encourageant les entreprises et acteurs financiers à davantage de transparence sur leur dépendance au capital naturel et leurs impacts sur la biodiversité (objectif 15). L’une des critiques qui est faite sur les objectifs et, sur celui-ci en particulier, est que les pistes d’action restent vagues avec des mécanismes de mise en œuvre encore faibles. En l’occurrence, le cadre ne fournit pas d’indicateurs standardisés aux entreprises pour pouvoir communiquer de manière claire sur des questions comme la déforestation ou le gaspillage alimentaire. Il est toutefois positif de noter que des initiatives privées émergent pour combler ce vide, dont celle proposée par l’organisation Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD). Le TNFD, qui est l’équivalent du cadre TCFD pour le climat, vise à fournir aux entreprises des recommandations pratiques dans les domaines de la gouvernance, de la gestion et de la publication d’informations sur les risques en lien avec la biodiversité. Du côté des investisseurs, des initiatives prennent forme également, à l’image de Nature Action 100 qui vise à mener le dialogue auprès de 100 entreprises afin de rendre leurs pratiques plus vertueuses sur ce thème. Concrètement, une banque comme BNP Paribas va conditionner son financement d’activités d’entreprises de trading dans les matières premières à la mise en place d’objectifs de déforestation (par ex. de soja).

En conclusion, malgré des critiques sur un manque d’engagements précis et contraignants, cette COP sur la biodiversité constitue (enfin) une avancée pour la protection de la nature et de sa diversité. La conférence a éveillé les consciences, permis de forger un consensus sur des objectifs et a impliqué les entreprises et les investisseurs dans la formulation de solutions pour réduire leur exposition aux risques.

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