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Investissement socialement responsable

La Grande Démission : le défi social des entreprises

Après la Grande Dépression de 1930, la Grande Récession de 2008, voici venir la « Grande Démission ». Il est désormais impossible d’échapper à ce terme tant il agite les médias et préoccupe les entreprises américaines.

Genève - CH

Inventée en 2021 aux Etats-Unis par Anthony Klotz, un professeur en psychologie des organisations, cette expression désigne un vaste mouvement de protestation des employés vis-à-vis de leur emploi se traduisant par une vague massive de démissions et des grèves importantes. Ce phénomène qui reflète un malaise social généralisé, exacerbé par des mois de pandémie, devient la question sociale majeure pour les entreprises. Ne pas y répondre serait risqué.

Des millions de départs chaque mois, des mouvements de grève sans précédent

Les crises affectant l’emploi ne sont pas nouvelles. Cependant, à la différence des crises historiques précédentes qui étaient avant tout des crises d’origine économique, mettant des millions de personnes au chômage, la période actuelle est plutôt favorable aux demandeurs d’emploi, dans pratiquement tous les secteurs de l’industrie. Le taux de chômage aux Etats-Unis a connu une chute record ces derniers mois (3,9% en décembre 2021). Quelle est l’ampleur de ces départs ? Depuis le printemps 2021, des millions d’Américains quittent leur emploi chaque mois sans forcément avoir la sécurité d’un nouvel emploi (la progression dans la maîtrise du Covid en a rassuré plus d’un). Selon les chiffres du Bureau of Labor Statistics, 38 millions d’Américains ont quitté leur emploi en 2021 – sur 162 millions d’emplois. Le seul mois de novembre comptait à lui seul 4.5 millions d’employés sur le départ.

Moins impressionnante en Suisse ou en France, qui ont un marché du travail moins « fluide », cette tendance est tout de même présente, notamment dans les secteurs lourdement impactés par les effets du Covid (santé, restauration, tourisme). Epuisés par de longs mois d’engagement intensif, nombreux sont les membres du personnel soignant en Suisse qui jettent l’éponge ces derniers mois, en particulier parmi les rangs des infirmiers et aides-soignants. Autre phénomène marquant de ces derniers mois : des grèves massives se sont multipliées aux Etats-Unis dans des entreprises peu connues pour leur défense des libertés syndicales. Les 1'400 employés de Kellogg ont protesté des mois durant contre les heures de travail excessives accumulées lors du pic de pandémie, la dégradation des bénéfices (salaires et pensions de retraite) mais aussi simplement contre le manque de reconnaissance de l’entreprise.

Le salaire comme explication mais pas seulement

Bien sûr, la perspective de meilleures conditions salariales explique en grande partie ces désertions de masse. Ce facteur est particulièrement vrai pour les employés les plus fragiles qui ont combattu au front contre le Covid, dans des emplois précaires, considérés comme peu qualifiés. Beaucoup d’anciens employés de la restauration, par exemple, travaillent désormais pour des géants comme Amazon ou Walmart, toujours dans des emplois peu qualifiés et difficiles, mais (à peine) mieux payés et plus stables au vu de la demande pour les biens de consommation. Amazon a d’ailleurs communiqué en septembre 2021 sa volonté d’augmenter son salaire horaire à l’embauche à 18 dollars. Les raisons évoquées dans les enquêtes, outre le salaire, concernent également le manque de protection en matière de santé ou des pressions menant à des burnouts. Pour les cols blancs, le besoin de davantage de flexibilité et de perspectives de développement concrètes sont des facteurs importants.

La qualité du travail : l’enjeu social majeur pour les entreprises

On le voit avec ce graphique, les problèmes ressentis face au travail sont différents selon le degré de qualification, les secteurs mais aussi l’âge. Les représentants de la génération Z, à l’inverse des Boomers, expriment clairement d’autres motivations que le salaire et la classique recherche de pouvoir au sein d’une entreprise. Il est primordial que les entreprises saisissent ces nouvelles aspirations et revoient entièrement un modèle d’organisation déjà largement remis en question avant l’apparition du Covid. Des enquêtes, comme celle de McKinsey en septembre 2021, révèlent des malentendus existant entre les aspirations réelles des employés et celles que l’employeur attribue souvent faussement à ses employés. La quête de sens dans le travail, la flexibilité dans la façon de travailler (moins d’horaires fixes, la possibilité de travailler à distance), la valorisation du travail par l’employeur, de même que l’éthique et les valeurs de l’organisation pour laquelle ils travaillent sont devenus essentiels pour renforcer la loyauté. De nouvelles initiatives sont d’autant plus nécessaires que la pénurie, qu’elle soit de main-d’œuvre ou de « talents » va coûter cher aux entreprises, tant en termes financiers, qu’en termes de réputation.

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